Avec Google, on n’est jamais déçu ; chaque jour apporte sa nouvelle.

Non content de nous photographier depuis l’espace, Google remet les pieds sur terre et photographie les gens sur place. Ce sont les « Google Street View » : de simples photos prises au coin des rues, pour le moment réduites à un groupe réduit de grandes agglomérations américaines (San Francisco, Denver, New York, Miami, Las Vegas…). Cette fonctionnalité n’est accessible pour le moment que sur Google Maps US, sur ces villes.

De simples photos ? Pas si simples… Ce sont des images style VR-3D qui permettent d’effectuer un 360° panoramique de l’endroit où vous vous trouvez. Des flèches virtuelles vous permettent ensuite de vous diriger en suivant généralement le boulevard dans lequel est prise cet ensemble d’images. Les rues des villes américaines étant généralement tracées au cordeau, cette technique s’adapte assez bien.

Comme dans le cas de Google Earth, ni l’idée ni l’outil ne viennent de Google proprement dit. Ils intègrent une technologie déjà mise en oeuvre, reprennent à leur compte le bébé, mettent les moyens nécessaires pour aboutir à quelque chose de totalement abouti. Dans le cas présent, la technologie provient de Immersive Media, une société possédant une licence sur les « images 360° ». Google a juste mis en place une équipe, qui depuis un « Google Bus », était en charge de prendre les (Google) photos.

Au départ, l’idée est plaisante comme tous ces nouveaux gadgets virtuels qui prennent naissance sur Internet depuis maintenant près de 15 ans. C’est amusant de voir sa maison, son quartier, sa ville du ciel alors que jusqu’à présent il fallait payer (cher) l’IGN pour disposer par exemple d’une vue de sa région.

Mais l’amusement peut rapidement laisser place à certains doutes. A peine le système a -t-il été mis en place que rapidement des plaintes sont remontées ; certains n’ayant pas apprécié de se faire photographier dans des situations gênantes (devant un sex shop, en sortant d’un bar, en train de bronzer les seins à l’air). (pour ma part, j’ai constaté qu’il était quand même difficile d’identifier des personnes).

Mais le problème est posé : des images prises au hasard sont mises en place massivement sur Internet. Ceci n’est pas neuf, mais là, on peut clairement identifier le lieu, et les images sont concentrées en un point extrêmement fréquenté. Ces deux points suffisent à faire la différence.

Google, quant à eux, répliquent que toutes ces images n’ont rien de privé, car prises dans la rue (La loi américaine diffère des lois françaises à ce sujet). Mais à mon sens le problème n’est pas là. La juridiction qui s’applique selon les différents pays ne prévoyaient pas ce cas de figure, à l’époque où ces lois ont été écrites. On se retrouve face à une situation nouvelle, mise en place de façon relativement brutale (qui a été prévenu ?). Les choses vont vites, et comme dans les techniques génétiques, la réflexion, la juridiction ne suit pas.

Aujourd’hui, si l’on fait le bilan, n’importe qui peut savoir où vous en êtes de la construction de votre maison. Le moindre commentaire que vous avez laissé, ou bien qui a été émis sur vous sur Internet peut être associé à votre nom pendant des années (je suis ainsi associé à « bête noire » par Google, à cause d’un match de tennis effectué l’année dernière!). Des « profils » sont établis sur vous à votre insu par des analyseurs de comportement qui croisent des données provenant de votre navigation sur Internet.

Alors, même si nous pouvons être parmi les premiers à s’amuser de ces « gadgets », méfions nous de ne pas nous réveiller un jour dans un monde où ces outils seront dévoyés et se retourneront contre nous. Cela vous amusera-t-il encore quand les inspecteurs des impots étudieront par Google Earth vos constructions, vos voitures, vos antennes ? Ou quand vous vous rendrez compte que des cambrioleurs font de même, pour analyser quelles sont les maisons les plus isolées ? Que va faire Google de notre génome (voir lien plus bas)?

D’autres ont déjà eu des idées similaires : ainsi, des jeunes terroristes auraient utilisé Google Earth pour mettre au point leur stratégie d’attaque (voir plus bas). Pour faire un parallèle avec l’usage dévoyé des technologies Internet, je rappellerai aussi que des webcams ont été placées le long de la frontière américaines, et que le gouvernement et la police encourage ceux que cela passionne de visionner en direct les images produites, et d’appeler la police des frontières dès qu’un malheureux mexicain apparaît à l’écran. Rien à voir avec Google me direz-vous ? Ouf! Oui, mais maintenant, on peut rechercher des visages sur Google Image, et Google a racheté Neven Vision (août 2006), une société spécialisée dans la reconnaissance faciale, ainsi que ses brevets.

Toujours pas inquiets ?


Google Street View

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0%402-651865,36-919487,0.html (7 juin)

http://www.ecrans.fr/spip.php?article1489 (6 juin)

http://www2.canoe.com/techno/nouvelles/archives/2007/06/20070603-005759.html (4 juin)

Immersive Media http://immersivemedia.com/

Rechercher des visages: http://www.sur-la-toile.com/mod_News_article_3650___.html (7juin)

Google absorbe Panoramio http://fr.theinquirer.net/2007/06/03/google_absorbe_panoramio.html

Dis Google, tu les aimes mes gènes? http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=25395 (6juin)

Google Terrorist http://techno.branchez-vous.com/actualite/2007/06/google_terrorist.html (6 juin)

La frontière américano-mexicaine sous cyber surveillance http://www.ausenslarge.fr/la-frontiere-americano-mexicaine-sous-cyber-surveillance (6 décembre)

Catégories : Divers

1 commentaire

marjo · 2 septembre 2007 à 19 h 11 min

sympa comme outil!Mais on a toujours du mal à voir la statue of liberty dommage!a+ informaticien qui sait de quoi il parle^^

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